-
Retour en France plus vite que prévu...
Dominant toute la vallée de Susa, se trouve un magnifique sanctuaire dédié à Saint Michel. Ce dernier se mérite pour le pèlerin qui marche vers Assise et passe à ses pieds, dans le petit village de Chiusa San Michele. C'est alors qu'il emprunte un sentier de muletier qui grimpe à travers les bois pendant plus d'1H30. A l'arrivée, une vue magnifique s'offre aux yeux et, le lundi, la porte du sanctuaire fermée laisse le pèlerin penaud...Depuis un certain temps, j'avais du mal à trouver du sens à mon chemin. Moi qui n'ai guère de plaisir à marcher (dans ces conditions, souffrances du chemin, poids du sac...) la solitude du chemin me devenait également pesante. C'est pourquoi j'avais pensé faire une petite pause à l'abbazia San Michele pour réfléchir à tout cela. Mais c'est sur le chemin que j'ai pris la décision d'interrompre ce pèlerinage dans le petit village de Castagnole et de revenir en France.
Cette décision a apaisé mon coeur qui n'arrivait pas à
se réconcilier avec ma tête depuis le départ. Le séjour à Taizé m'avait permis d'adoucir cela même si la rencontre avec un frère avait suscité cette question de sa part: " Ne serait-ce pas le pèlerinage de trop?". Je n'avais réussi qu'à bredouiller un "peut-être" du bout des lèvres. D'autres m'avaient dit avant de partir: "Fais attention que ce ne soit pas une fuite". Alors j'avais trouvé de belles raisons à ce chemin de pèlerinage pour justifier son départ. La présence d'autres pèlerins, à de nombreuses reprises, m'a permis d'éviter d'écouter ce trouble intérieur. Ensuite, je m'étais fait une sorte de défi personnel de pouvoir franchir les Alpes. La beauté des paysages aidant, cela ne fut pas trop difficile de n'écouter que les oiseaux et le bruit du vent s'engouffrant dans la vallée. Mais en Italie, je me suis retrouvé face à moi-même et j'ai compris que je n'étais plus vraiment à ma place ici. L'idée d'un retour anticipé s'est faite de plus en plus pressente et j'ai fini par faire ce choix difficile de l'interruption de mon pèlerinage. Dans le train au départ de Turin, un sentiment de paix m'a gagné et depuis, à aucun moment, je n'ai eu l'impression d'avoir fait un mauvais choix.Mais mon pèlerinage n'est pas encore tout à fait fini. Je me rends avec mon bâton et mon sac (qui contient toutes vos intentions) à Taizé pour plusieurs jours, où je vais déposer au Seigneur Jésus Christ tous ceux que je portais et tous les messages confiés en chemin. Je vous demande pardon de ne pas pouvoir assurer l'engagement que j'avais pris de déposer vos intentions à Assise et Rome. Soyez assurés de mes prières et belles pensées à vos égards.
Amitiés pèlerines.
Hubert
Photos: l'abbazia San Michele (photo prise sur le net) / Coquille et croix portées autour du cou sur le chemin
-
Commentaires
2Lagny s/ MarneSamedi 6 Juillet 2013 à 23:273O-BDimanche 7 Juillet 2013 à 16:03heureuse que tu es trouvé la paix puisque c'était le but de ton chemin que tu nous a fait partagé avec bonheur...tu iras porter nos intentions à Assise et Rome par un autre chemin!!! merci pour ce partage , je t'embrasse, O-B
4lamotteDimanche 7 Juillet 2013 à 22:506cheminmadrid
Mercredi 10 Juillet 2013 à 11:25
Merci à tous pour votre affection, votre amitié et vos messages de soutien.
Belles pensées ensoleillées pour vous.
Hubert
7françoise-SoizicMercredi 10 Juillet 2013 à 21:24bonsoir Hubert
Ne sois pas triste ni désolé,tu parcours de beaux chemins en toi
n'est ce pas l'essentiel???
Je te souhaite de beaux moments à Taizé
Françoise,bien déçue de ne pas avoir pu partir à Lourdes lundi soir!!!
partie remise
je t'embrasse cher Hubert
8Une certaine AnneSamedi 20 Juillet 2013 à 18:08Très cher Hubert,
De retour à la maison, je lis tes articles.
Avec émotion, joie... et un serrement de coeur. Le choix décidé t' a apporté la paix de l' âme, je le respecte.
Nous nous sommes accompagnés mutuellement ; j' ai senti toute ton énergie lorsque j' en ai eu besoin.
Tu as quitté Taizé le jeudi, jour de mon arrivée. Merci, mille fois merci.Je suis heureuse de lire combien ce chemin t' a apporté de bonheur. Garde au coeur
Franchir les Alpes, seul, sac au dos, sans les "équipages" de Hannibal ou Napoléon ; o) bouscule l' être !
Une expérience forte, inoubliable...
Quel travail, quels talents ce site !
Congratulations mon jeune ami !
Je t' embrasse fort.
Anne
9cheminmadrid
Mercredi 24 Juillet 2013 à 14:23
Merci beaucoup pour vos messages chères amies.
Après avoir gravi le Petit Cenis dans les pas d'HAnnibal et ses éléphants je me demande vraiment comment ses pachidermes ont réussi à descendre cette grande pente sinueuse et escarpée... A défaut de ce parfum exotique, j'avais le nez dans des bouses fraiches tout au long du chemin. Cela m'a paru incroyable étant donné la difficulté du sentier, mais un troupeau de vaches m'avait précédé de peu pour rejoindre les paturages de l'été. Q'une chèvre puisse escalader les rochers, je veux bien l'admettre. Mais une vache de plus de 600 Kg...
Il y a un monde (du moins un continent) entre le poid d'une vache et celui d'un éléphant, mais peut être que finalement, la légende dirait vrai...
Belles pensées à tous et merci de vos passages ici.
10Père Juan DavidVendredi 26 Juillet 2013 à 11:12Hola Amigo,
Ton choix m'a fait penser à St Ignce de Loyola, lui qui avait donné comme titre à son autobiographie "le pelèrin".... Son choix était d'aller en terre sainte, mais petit à petit avait trouvé que finalement son chemin n'était en terre sainte mais à Rome pour continuer à la fondation de la compagnie de Jésus...
Ton chemin est passé par Taizé... je suis heureux de savoir que tu as rencontré cette lieu sur ta route.
Je voudrais te remercier pour ton témoignage, parce que grâce à toi, Seraina et Richard, je me suis lancé l'année dernière pour faire "el camino de Santiago"...
Dans la vies il y a des choix pas faciles à prendre, mais comme disait St Ignace : "Pour un grand choix, grande paix"....
Merci mon ami, et j'espère que tu pourras me raconter comme même ton aventure sur le chemin....
Un abrazo bien grande mi amigo,
Père Juan David
.../... "Je vous demande pardon de ne pas pouvoir assurer l'engagement que j'avais pris de déposer vos intentions à Assise et Rome. Soyez assurés de mes prières et belles pensées à vos égards.".../...
Tu es pardonné, mon ami. Ne t'inquiète pas. Cette année, j'ai marché avec Georges (68 ans) qui marchait avec des pieds dans un tel état que si le commun des mortels les avait vus dans cet état... Aussi, il appartient à chacun de nous de ne pas non plus se faire souffrance au-delà. Chacun doit trouver son rythme. La marche doit avant tout être une joie qui ouvre l'esprit sans quoi le corps dit à l'esprit qu'il souffre.
Parfois les souffrances sont physiques et se manifestent par des douleurs appropriées au corps qui ne supporte pas une mauvaise condition d'une ergonomie mal addaptée à la marche, d'autres fois l'esprit dit au corps qu'il doir s'arrêter de marcher pour un temps de se reposer.
La marche s'approprie du corps et de l'esprit en en mettant en oeuvre ce détachement qui aide ét le corps et l'esprit à se détacher. Savoir s'arrêter de marcher et aussi difficile que de savoir se mettre en marche. Les deux décisions sont liées et reliées.
Ce n'est pas une compétition, tu le sais bien. Alors le plus important est que tu te sois mis en marche même si c'est pour décider à un moment de t'arrêter en chemin pour un temps. C'est comme cela la marche, c'est une respiration qui nous dit lorsqu'il faut commencer et nous arrêter.
Pour l'heure, tu dois mieux controler ta respiration intérieure et lorsque le moment sera venu, tu te remettras en chemin, d'une manière où d'une autre, et peu importe les kilos à porter car tout cela n'est tellement que relatif si tu savais...
Si ton esprit est lourd, tu dois faire une halte et lorsque tu décides de faire une halte, cela peut durer des mois, des années, peu-importe le temps de la halte. Il ne sert en rien et à rien de se précipiter et encors moins de se mettre des défis aux yeux et au regard des autres auxquels l'on promettrait de porter pour eux des choses. Tu dois, avant tout, te focaliser sur tes propres objectifs et tes propres douleurs qui pourraient encombrer ta marche. Tu ne peux pas partir en décidant de porter tout le poids des autres et toutes les douleurs du monde si tu ne t'occupes pas avant tout de mesurer tes propres douleurs, qu'elles soient physiques ou de ton esprit qui se serait laissé encombrer de ce que tu n'as pas à porter pour les autres et à la place des autres. C'est ce que tu dois bien mesurer, que ce soit pour partir marcher pour Rome ou pour n'importe quelle autre destination. C'est toi qui fait ton chemin et le reste t'y guidera sans aucune inquiétude à avoir.
Je crois que tu as pris la bonne décision en concordance avec ton moment de vie et personne ne t'en voudra de cela.
Buen Camino mon ami.
Fatima est un tel bonheur que je sais que tu y iras un jour,
lorsque tu te seras reposé des poids qui te pèsent.Tu dois encore apprendre à marcher sans ressentir la souffrance de l'âme.
Ne t'inquiète pas, ça viendra sans t'imposer des défi ni des épreuves.C'est ton coeur qui te guidera.
Amitié
JFA
12cheminmadrid
Jeudi 1er Août 2013 à 14:47
Merci beaucoup pour vos messages.
Juan David: merci pour cette image ignatienne. Je te dirai quand je viendrai à Troyes pour que nous puissions partager un moment ensemble.
Merci Jean François pour ces nouvelles sur la beauté de ton chemin portugais d'où tu reviens. Un grand merci aussi pour tes mots de réconfort, tes conseils et pour ton regard de marcheur qui a su apprivoiser le chemin. Ou peut être, il serait plus juste de dire: qui a su se laisser apprivoiser par le chemin.
Oui, il est important de se laisser guider par son coeur. C'est la meilleure boussole du pèlerinage de notre vie. Mais l'apprentissage de sa lecture et de son regard n'est pas toujours simple.
Belles amitiés.
Hubert
13HervéVendredi 23 Janvier 2015 à 19:13Bonjour Hubert
Merci pour votre soutien
Je comprend parfaitement votre décision de ne pas poursuivre votre cheminement
Nul n'est à l'abri de cette situation; c'est ce qui a failli m'arriver au départ de Valencia( camino de Levante) En Catalogne, apparemment , la-bas ,les habitants n'on rien à 'f....du camino, à un tel point que quand, au gite( gite.....?) l 'hospitalera (??;;)m'a refusé le tampon de la créanciale , je suis allé à la Cathedrale ou il m'ont demandéde 'payer" mon entrée avant toute autre chose et refusé le"sello", et oui! et celà a continué dans ce sens jusqu'en Castilla-Mancha(Almansa) soit sur près de100kM;j 'ai mème eté fouillé dans des supérettes!!? j 'ai frolé l'incident diplomatique( je parle espagnol donc j'ai donné mon avis(pas flateur)sur la Catalogne......) . l'"esprit pélerin" a finalement été le plus fort! mais il s'en est fallu de très peu pour que j'abandonne à l'issue de ces premières étapes qui ont été un calvaire; mème le paysage était ingrat !j'ai voulu engager une dicussion avec un pretre à Xativa a l'issued'une messe, il m'a répondu" très peu aimablement :je n''ai pas le temps"..Après la situation s'est bien ameillorée Je recommande à ceux qui veulent entreprendre ce chemin de partir d' Alicante pour éviter la région deValencia et sa détestable centaine de kilometres ultra bitumés jusqu'entre les orangers!!!!...
Nous verrons bien en italie...Je ne connais pas ce pays, à l'inverse de l' Espagne
je vous tiendrai au courant!
Pax Bonum!
bien cordialement
Herve
Bonjour Hervé,
Merci beaucoup pour votre message et votre témoignage sur l'expérience espagnole du Camino de Levante. Il ne faut pas oublier que ce chemin est parmi les moins fréquentés d'Espagne, si ce n'est le moins fréquenté. L'ayant foulé sur sa dernière partie, je me souviens y avoir croisé un français qui le faisait depuis son début, comme vous, et qui était très heureux de partager quelques heures avec moi. Cela parce qu'il avait vécu un chemin solitaire depuis Valencia et avec peu d’hébergements ou d'accueils pèlerins. Nous nous étions rencontrés dans la très belle petite auberge de pèlerins, à Avila.
Hervé, tenez-nous au courant de l'avancé de votre projet italien (itinéraire, démarche, etc...). Si vous avez des questions lors de la préparation, n'hésitez pas à nous les partager. Et, bien sûr, nous vous accompagnerons par la pensée.
Amitié pèlerine.
Hubert
Suivre le flux RSS des commentaires
Ajouter un commentaire
|
 Créer mon blog |
Créer mon compte |
Tu as fait le bon choix si tu te sens en paix maintenant , Hub' !! Nul ne te jugera (surtout pas moi
)
Je suis heureuse de te savoir heureux et je t'embrasse affectueusement !
Je veux bien rester un peu à Taizé avec toi..... (d'autant que je n'ai pas trop souffert pour y aller !!!)
Prends soin de toi !
Danielle